Union pour la SolidaritĂ© et l’Entraide
USE (Union pour la SolidaritĂ© et l’Entraide) est une ONG sĂ©nĂ©galaise d’appui au dĂ©veloppement, mise en place depuis une dizaine d’annĂ©es. Dans le cadre de ses activitĂ©s dĂ©veloppĂ©es en milieu rural, USE a organisĂ©, en septembre 1997, en collaboration avec d’autres organismes, un atelier sur la gestion alternative des conflits pastoraux dans le Ferlo du SĂ©nĂ©gal. L’atelier avait deux objectifs majeurs : - analyser la perception qu’ont les populations du concept de conflit et des mĂ©canismes et stratĂ©gies de sa gestion. - Ă©valuer les besoins en matière de formation/information, en vue d’amĂ©liorer la gestion des conflits et de permettre aux populations de les aborder autrement. L’atelier a notamment rĂ©uni des Ă©leveurs, des conseillers ruraux, des responsables d’associations et une Ă©quipe d’animation. Après s’ĂŞtre entendus prĂ©alablement sur la notion de conflit (luural en langue pulaar), les participants ont identifiĂ© l’ensemble des acteurs et ressources Ă l’origine, le plus souvent, des conflits pastoraux. Ces derniers ont ainsi Ă©tĂ© typĂ©s selon les acteurs (opposition Ă©leveurs/Ă©leveurs, Ă©leveurs/ agriculteurs, Ă©leveurs/chasseurs) et les ressources rĂ©pertoriĂ©es (terre, eau, pâturage, ressources forestières, bĂ©tail). Il est apparu que la source d’un conflit pouvait ĂŞtre multiple et concerner plusieurs ressources en mĂŞme temps. Par exemple, les conflits Ă propos de la terre tournent essentiellement autour des pâturages et des pistes de parcours ou des voies d’accès Ă l’eau. A la complexitĂ© et la diversitĂ© de ceux-ci devraient donc rĂ©pondre des solutions prĂ©ventives et curatives spĂ©cifiques. Sans qu’il soit possible, ici, d’entrer dans le dĂ©tail des rĂ©sultats de la concertation, on peut nĂ©anmoins reprendre certaines remarques gĂ©nĂ©rales qui ont Ă©tĂ© faites. Sur les causes : - la plupart des conflits sont dĂ»s Ă un manque d’information, de conciliation et de concertation, - le manque de clartĂ© dans l’affectation des terres est un facteur de conflits inĂ©puisable. Sur les solutions : - la solution des conflits peut passer par les structures traditionnelles de conciliation et de solution, - il faut prĂ©venir les conflits en discutant des dispositions Ă prendre avant chaque hivernage. Sur les obstacles : - certaines limites aux solutions prĂ©ventives ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©es, comme la forte politisation des rapports actuels au niveau des populations, le clientĂ©lisme,..., - un nouvel esprit individualiste tend, depuis une vingtaine d’annĂ©es, Ă prendre le pas sur le dialogue et le règlement Ă l’amiable. De façon gĂ©nĂ©rale, il a Ă©tĂ© reconnu que des mesures de formation/information permettraient de pallier aux facteurs aggravants suivants : ignorance et analphabĂ©tisme des protagonistes, manque de concertation et de nĂ©gociation, manque de confiance entre lesprotagonistes de secteurs d’activitĂ©s diffĂ©rents, manque d’information sur certaines dispositions institutionnelles, lĂ©gales et/ou locales. Les mesures proposĂ©es pourraient ĂŞtre : - formation et alphabĂ©tisation ; -sensibilisation Ă travers des reprĂ©sentations théâtrales ; - informations sur certains textes juridiques qui intĂ©ressent la vie rurale ; - recours aux procĂ©dures traditionnelles de gestion des conflits. Plus fondamentalement, ce sont les lois Ă©dictĂ©es par l’Etat qui sont ici mises sur la sellette, au regard de leur inadaptation frĂ©quente aux rĂ©alitĂ©s rurales et aux besoins des populations concernĂ©es. Parce que les dispositions lĂ©gales, susceptibles de rĂ©gler par exemple un conflit entre Ă©leveur et agriculteur, consentent le plus souvent Ă dĂ©signer un vainqueur et un vaincu, et Ă dĂ©possĂ©der les protagonistes de la possibilitĂ© de rĂ©soudre leur propre conflit. L’objectif de cet atelier fut donc "de crĂ©er ses propres lois", c’est-Ă -dire dĂ©finir collectivement, entre les principaux concernĂ©s, la façon dont pourraient se rĂ©gler autrement les problèmes qui les opposent. A moyen terme, le but est maintenant de confronter les propositions de solution Ă la pratique et de dĂ©terminer leur degrĂ© de rĂ©ussite ou d’Ă©chec. En fonction des rĂ©sultats, des solutions pourraient ĂŞtre proposĂ©es au niveau Ă©tatique, en vue de remplacer les dispositions lĂ©gales les plus inadaptĂ©es. Les populations seraient ainsi productrices de règles de droit, et l’Etat, en avalisant ces dernières, deviendrait le garant de leur application.