Des différentes techniques de médiation et des personnes qui la pratiquent
Un état des lieux des médiations en France a été réalisé en 1997. Concrétisé sous la forme d’une publication, cet état des lieux recouvre plusieurs centaines de définitions et révèle combien ce terme est aujourd’hui utilisé dans une diversité étendue de domaines. Or, d’un domaine à l’autre, le sens du mot varie considérablement. Même s’il est utile de posséder un aperçu, fût-il partiel, des différents types de médiations, la médiation dépend davantage des pratiques que d’une théorie générale. Il appartient aux praticiens de la médiation d’élaborer eux-mêmes des stratégies pour donner sens à une ou des politiques de médiation. 1. Les médiations... La médiation est un processus, le plus souvent formel, par lequel un tiers neutre, tente à travers la conduite d’une réunion, de permettre aux parties de confronter leurs points de vue et de rechercher, avec son aide, une solution au litige qui les oppose. La distinction entre la conciliation et la médiation est parfois floue. Le médiateur assiste simplement les parties, dans la recherche d’une solution qui satisfera leurs intérêts respectifs et il ne dispose d’aucun pouvoir, pour trancher le différend ou imposer la décision aux parties en cause. La démarche peut-être qualifiée de "communautaire" ou "d’ institutionnelle". A. La médiation institutionnelle : est mise en place par une institution publique (Médiateur de la République, Ville, administrations,...). Le médiateur y est plutôt un conciliateur ou un avocat. Il demeure dans un système binaire où il y a un pouvoir et des sujets face à face. Il s’agit moins de médiateurs que d’intermédiaires entre l’administration et le citoyen. Dans le cadre de la médiation institutionnelle, on peut souligner l’existence de : - La médiation civile : Selon l’article 21 du Nouveau Code de Procédure Civile français, "il entre dans la mission du juge de concilier les parties". Ce type de médiation est une voie offerte aux juges dans la recherche du rapprochement des parties. Il s’agit de donner un moyen supplémentaire aux juges de dédramatiser la procédure judiciaire, en permettant au médiateur de renouer le dialogue entre les parties en présence, afin qu’elles puissent trouver une solution à leur litige. - La médiation pénale : est, dans le cadre d’affaires sélectionnées par le parquet, la recherche de solutions librement négociées à un conflit opposant des parties, dont l’une au moins, voire les deux, a déposé plainte à la suite de la commission d’une infraction. La médiation tend à obtenir un accord entre les parties, rapidement après l’infraction, afin de rétablir un principe de réciprocité à travers la réparation du dommage subi. Elle vise donc au-delà de l’indemnisation, une restauration de l’image personnelle de chacun et une recherche d’un apaisement individuel et social. B. La médiation communautaire : la diversité et la complexité de la vie sociale encouragent le développement de modes décentralisés de règlements des litiges, très proches des parties en conflit. En effet, la réussite d’une médiation est souvent liée à la prise en compte des pratiques et usages générés par les relations quotidiennes, que les tribunaux ne peuvent pas toujours prendre en compte, car ils sont tenus de se référer avant tout à des normes abstraites et générales. La démarche communautaire offre la possibilité aux citoyens de se réapproprier les modes de gestion des conflits. Le médiateur est le plus souvent une personne issue du même milieu que les gens qui entreprennent une démarche de médiation. L’exercice direct de ces responsabilités devrait, selon les partisans de ce modèle de justice communautaire, renforcer la vitalité et la stabilité des relations de voisinage. Ce mode de résolution volontaire des conflits donne en effet aux parties, l’opportunité de résoudre leurs différends à partir d’une compréhension mutuelle, de modeler leurs relations futures selon leurs intérêts respectifs. - La médiation sociale : la médiation ne se réduit pas à une simple alternative à la justice, une nouvelle technique de gestion des conflits, elle doit être analysée comme préfigurant l’émergence d’un nouveau mode de régulation sociale. - La médiation familiale : est l’intervention dans une séparation ou un divorce d’une tierce personne qualifiée et impartiale, sans pouvoir décisionnel, requise à la demande des intéressés. Elle a pour but d’aider les parties à négocier elles-mêmes les décisions constructives etdurables, tenant compte des besoins de tous les membres de la famille. - La médiation scolaire dépasse la distinction entre la médiation communautaire et la médiation institutionnelle. La médiation possède plutôt un but éducatif : apprendre aux jeunes à s’approprier leur destin, à se responsabiliser. Elle vise à créer un nouvel espace de gestion des conflits, un espace intermédiaire, qui repose sur une redéfinition des rapports entre élèves et membres de la communauté éducative, mais aussi entre les élèves eux-mêmes. Le projet de médiation repose sur la délégation par les responsables des établissements scolaires, aux élèves médiateurs, d’un certain pouvoir de gérer les conflits. 2. ... Et les médiateurs ? (car la médiation vaut ce que vaut le médiateur ...) - Autorité sans pouvoir sur les personnes, mais avec un pouvoir sur les conditions de déroulement du processus de la médiation. - Le médiateur garde sa place de tiers au conflit, il n’a pas de pouvoir, il établit ou rétablit la communication entre les parties - Le médiateur doit toujours faire exister, comme une sorte d’au-delà d’une justice trop établie selon la lettre, le principe d’équité, cette autre dimension, qui n’est définie par aucun code et qui est, au fond, un surcroît d’humanité. - Les médiateurs institutionnels ont d’abord à résoudre des problèmes et représentent un certain pouvoir, les médiateurs citoyens sont des médiateurs naturels qui naissent dans les groupes sociaux.