Comment tranformer les dispositions de la loi brésilienne en actions concrètes ?
L’Institut brésilien d’Etudes socio-économiques (Instituto de Estudos Sócio-econômicos) a édité dernièrement un livret didactique, accompagné d’un jeu, qui explique certains des droits les plus fondamentaux protégés par la Constitution fédérale et les lois brésiliennes, et la manière de bénéficier de leur application concrète. Diverses ONG brésiliennes ont collaboré à la réalisation de ce document, de façon à permettre de combler l’écart immense, qui existe entre des droits formellement reconnus depuis peu et la situation très difficile, que la plupart des habitants du pays vivent au jour le jour. Le Brésil connut la dictature de 1964 à 1985. La nouvelle constitution fédérale date de 1988. La précédante consitution de 1969 suspendait les droits politiques du citoyens. "Les droits crient pour sortir du papier", est-il indiqué dans l’introduction ; mais, est-il ajouté, "c’est aux personnes concernées de les faire sortir". Défendre ses droits et les voir reconnus par les autorités concernées est présenté à la manière d’un match de football -une activité sportive qui n’est pas sans passionner les Brésiliens !-, avec des termes propres à cette catégorie sportive : cartons jaunes, pénalisation, coups de sifflet,... Par cette métaphore footballistique qui sous-tend tout le document, l’acquisition d’un droit devient un commentaire tactique compréhensible, où le lecteur ne perd pas le fil. Douze Histoires-types Le livret développe douze histoires courtes. Chacune s’étend sur la manière de défendre un droit fondamental : travail, logement, santé, transport, éducation, non-discrimination,... Chacun des droits expliqués est présenté en plusieurs parties : la première partie raconte une histoire au moyen d’une bande dessinée de quatre vignettes et d’un court texte. Un droit est violé dans une situation concrète. Par exemple, le thème de la non-discrimination raciale, est illustré par la mésaventure de Válter, un jeune noir qui se voit tabasser par plusieurs policiers sous le coup d’une fausse accusation. Que faire ? Suivent alors quatre types d’explications : En premier lieu, les dispositions légales qui concernent le droit bafoué sont indiquées et résumées. Ce sont "les règles du jeu". Dans le cas présent, la loi indique notamment qu’un policier ne peut arrêter quelqu’un qu’en cas de flagrant délit ou par odre écrit d’un juge, que le racisme et la torture sont deux crimes durement sanctionnés par la Loi. Une liste d’adresses est ensuite donnée, "qui joue à tes côtés", qui passe en revue les organismes et les associations susceptibles d’accompagner Válter dans sa démarche, comme le "Mouvement noir" ou le groupe "Torture, jamais plus". La rubrique "Siffle !" indique les adresses où dénoncer le ou les auteurs de la violation. Une dernière rubrique rappelle certains conseils ou l’état de la situation. Dans le cas de Válter, il est indiqué que la plupart des victimes de violences policières, au Brésil, sont noires, surtout des adolescents. A la suite de chacune des histoires présentées, un récapitulatif donne des précisions et des conseils complémentaires : comment écrire une pétition, quelles sont les équipes déjà existantes qui dénoncent une violation de droit similaire à celle dont on est victime ... Jeu de l’oie à quatre Le livret termine par un jeu de l’oie didactique où les joueurs sont au nombre de quatre. Chacun des joueurs doit cheminer par trente-sept cases d’un parcours qui lui est propre, afin de parvenir à faire valoir un droit spécifique, et chacune des cases correspond à une difficulté ou une aide. L’objectif est de permettre aux gens, en jouant, de retenir les dispositions légales ou les conseils qui auront été formulés dans le livret. Faire connaître les droits des personnes par l’intermédiaire de documents illustrés de vignettes se retrouve un peu partout. En Afrique du Sud, par exemple, le Community Law Centre diffuse des documents informatifs bilingues sur la Constitution et les droits humains. Ces productions pédagogiques ont l’avantage de vulgariser des concepts et des terminologies sinon incompréhensibles pour des non-juristes. Elles sont agrémentées de vignettes et de dessins explicatifs, et elles expliquent par exemple les démarches à introduire, en cas de violation des droits humains, à partir de cas concrets issus de la vie quotidienne. Ces ouvrages proposent de nombreuses adresses en fin de volume.