Si le discours sur la démocratie, la liberté, les droits de l’homme et l’Etat de droit se développe de plus en plus au Bénin, la réalité montre que plus de 80% de la population vit dans l’ignorance absolue de ses droits les plus élémentaires, de ses devoirs de citoyen. Face à cette situation anormale qui conduit à appliquer au juriste professionnel comme au paysan, la même règle "Nul n’est censé ignorer la loi", l’ASSODIV a décidé depuis 1987 (date de sa création) d’agir en faveur du monde paysan analphabète pour la grande majorité. Du 11 au 15 décembre 1989, l’ASSODIV a formé 31 parajuristes béninois (instituteurs, agents de développement rural, techniciens agricoles, assistantes sociales, agriculteurs, fonctionnaires en activité et en retraite, religieuses, animateurs-formateurs...). Pendant deux ans, ils ont appliqué les enseignements reçus aux problèmes juridi-ques que rencontraient les paysans en milieu rural, les aidant à donner un contenu vivant à leurs droits et à accomplir leurs devoirs. Au cours de ces travaux de terrain, des difficultés ont surgi. Face à des bouleverse-ments importants intervenus dans l’ordre juridique et constitutionnel, il est apparu nécessaire à l’ASSODIV d’organiser une session de recyclage de parajuristes, qui a eu lieu du 16 au 20 décembre 1992. a) Objectifs : actualiser les connaissances juridiques acquises lors du séminaire de 1989 ; trouver des approches de solution aux problèmes juridiques rencontrés par les parajuristes sur le terrain à travers une péda-gogie participative ; informer les populations -y compris les juristes professionnels- de la nécessité des services juridiques en milieu rural et de l’existence des parajuristes. b) Le contenu : révision des thèmes déjà étudiés (actes de l’état civil, mariage, expro-priation...) et nouveaux thèmes comme la Constitution du 11 décembre 1990, la justice civile et administrative, droits et devoirs du citoyen en milieu rural, infractions fores-tières... c) La méthode- : il était prévu l’utilisation d’une méthode participative. Il y a eu des exposés suivis de débats en plénière ainsi que des travaux pratiques en atelier et en pléniè-re. Quant au contrôle de connaissances, il a été oral et journalier, avec la révision des thèmes étudiés la veille. L’ASSODIV avait mis sur pied une équipe qui, se mettant dans la peau des parajuristes, a posé quelques questions aux formateurs, dans le but de susciter la participation des parajuristes lorsqu’ils hésitaient à prendre la parole. d) Les ressources : 16 formateurs, dans leur grande partie professionnels du droit ; 22 parajuristes béninois bénévoles, toutes catégories socio-professionnelles confon-dues ; quelques observateurs, futurs paraju-ristes ; deux invités : le représentant du ministre de la Justice et le coordinateur de Juristes-Solidarités. e) Les moyens matériels, une couverture médiatique exceptionnelle : des journalistes radiophoniques en langues nationales et en français pendant toute la durée de la session ; la cérémonie de clôture qui a été filmée par la télévision nationale ; une vidéo de la session de recyclage enregistrée pour les archives et comme futur support didactique. Évaluation : * Les objectifs : les parajuristes ont pu réactualiser leurs connaissances et en acquérir d’autres ; la couverture médiatique a permis la sensibilisation de la population. * La méthode : seuls 4 formateurs ont effectivement utilisé la méthode participative, en revanche l’auto-évaluation et le contrôle oral journaliers ont comblé les lacunes. * Les ressources : les formateurs ont baigné dans la théorie malgré les recommandations ; les parajuristes ont posé des questions très pertinentes et participé aux travaux, regret-tant l’abstraction de certains exposés et un rythme de travail trop intensif. * Perspectives et enseignements : organiser une session de formation des formateurs ; former les parajuristes à l’animation dans les villages ; mettre l’accent sur l’appareil judi-ciaire, le personnel judiciaire, la loi dans la formation des parajuristes ; prévoir l’organi-sation directe de sessions de formation juridique en langues nationales au profit des paysans.