La "Rencontre inter africaine sur les pratiques alternatives du droit", organisée par l’ASSODIV (Association pour le Développement des Initiatives Villageoises, Bénin) avec l’appui de Juristes-Solidarités (France) a eu lieu à Cotonou, au Bénin, du 12 au 17 octobre 1992. Ce travail était inscrit dans le contexte des "Rencontres de Saint-Sabin" (temps d’échange sur un sujet commun, entre personnes engagées dans l’action et souhaitant mettre en commun des réflexions et expériences concrètes, sous l’égide de la Fondation pour le Progrès de l’Homme), mais aussi dans notre projet de réalisation d’un échange plus global entre les acteurs de différents continents. C’est à la suite de la mission organisée par Juristes-Solidarités dans plusieurs pays d’Afrique occidentale et centrale que l’idée d’organiser une réunion inter africaine a commencé à germer, conséquence des échanges au sujet des pratiques et des projets, et à partir du constat d’un besoin de confrontation formatrice pour les groupes. Les objectifs de la rencontre étaient : a) permettre une connaissance des pratiques et une réflexion des groupes africains, débou-chant sur une auto-formation réciproque ; b) aller vers une systématisation des expé-riences, à savoir, récupérer, ordonner et analyser l’information permettant de restituer une expérience dans son contexte, d’en comprendre les enjeux, d’en valoriser les actions pour dégager des perspectives nou-velles ; c) arriver à une capitalisation plus globale du travail réalisé pendant la rencon-tre sous la forme d’un document de synthèse ; d) déboucher sur une stratégie commune, inter africaine d’abord, puis Sud/Sud et Sud/Nord. Les ateliers étaient consacrés à l’analyse des pratiques. Parmi les grands thèmes de réflexion des plénières, nous pouvons citer : existe-il des pratiques alternatives du droit en Afrique ? ; différences entre l’alternatif et l’ensemble des pratiques coutumières ; fondements d’un usage alternatif du droit ; droit positif et droit coutumier : quels liens dans la pratique actuelle ; multilinguisme, analphabétisme et information juridique ; pluralisme juridique ; relations entre droit et démocratie en Afrique ; comparaisons entre les services juridiques latino-américains et africains. Les participants ont également dialogué avec Manuel Jacques, directeur de QUERCUM (Chili) et membre du Conseil de direction de ILSA (Institut Latino-américain de Services Juridiques Alternatifs, Colom-bie), venu témoigner sur les conditions de naissance et du développement des services juridiques alternatifs en Amérique Latine. Une journée de travail a été proposée pour expliquer ce qu’est le réseau d’information DPH (Dialogues et Documents pour le Progrès de l’Homme), avec lequel Juris-tes-Solidarités collabore, dont l’objectif est de mettre en fonctionnement une banque de données au service de la capitalisation de l’expérience et de la construction de la mémoire collective. Ce travail a donné lieu à la production de fiches avec auto-présenta-tion des pratiques, et à un débat sur l’infor-mation, les besoins des groupes de terrain et le rôle des relations Nord/Sud dans la production, l’usage et la mise en circulation de l’information. Par rapport aux objectifs fixés, il a été constaté que les représentants de treize organismes issus de huit pays d’Afrique, qui auparavant ne s’étaient jamais réunis, ont réussi ensemble à s’approprier la rencontre. Ils ont en effet assumé les travaux leur permettant de mieux comprendre les pratiques des uns et des autres ; ils ont cherché à identifier les défis à relever, et réfléchi aux perspectives de cette découverte mutuelle. Une équipe de coordination de trois membres, chargée du suivi de la rencontre, a été élue. L’ASSODIV a publié en janvier 1993 le rapport global de la rencontre, destiné à restituer les travaux réalisés et à valoriser les productions effectuées pendant la rencontre. Il existe également une cassette vidéo sur les principaux moments de celle-ci.