Pour analyser le thème de "la femme et le droit", il faut partir du fait que la femme est immergée dans une société qui lui attribue des rôles déterminés, prétextant la "nature" de sa condition. L’éducation de la femme est fondée sur des stéréotypes sexuels, perpétués par l’intermédiaire de pratiques sociales profondément discriminatoires. Le droit et la loi n’avancent pas au-delà de ces conceptions hiérarchisées des sexes, et s’occupent de la femme uniquement dans le cadre des fonctions qui lui sont attribuées. C’est pour cette raison que l’étude et l’application des normes juridiques, effectuées à partir d’une perspective féminine, nous permettent de dévoiler les mécanismes juridiques, institutionnels et sociaux qui consolident et légitiment la discrimination, au-delà des égalités proclamées formellement. En ce sens, les pratiques alternatives du droit pour les femmes, au delà de l’observation de l’oppression subie par les femmes en raison de leur appartenance à un secteur social donné ou à une race, aident à rendre visible l’oppression occasionnée du fait de sa condition de femme. Voici quelques propositions possibles de pratiques alternatives du droit : a) Révision des lois à partir d’une perspective féminine : cela n’aura de sens que si elle est effectuée dans le cadre d’un travail de groupe, non seulement avec des spécialistes pluridisciplinaires, mais aussi avec des groupes de réflexion et des organisations de femmes. Car l’objectif de cette pratique alternative n’est pas de donner lieu à l’émergence de nouvelles "détentrices du savoir juridique", mais de socialiser le droit et de promouvoir la recherche collective de transformation et d’appropriation du droit. b) Recherche juridique à partir des femmes : ceci permettra d’approfondir la connaissance autour de l’origine des institutions juridiques, leur pouvoir, leurs fondements, les situations sociales auxquelles elles répondent, les effets et les conséquences de leur fonctionnement actuel. Cela permet également de dévoiler certains mécanismes du pouvoir patriarcal qui se cachent sous les définitions de la femme présentes dans les analyses, théorisations et recherches des grands savants du droit. La recherche doit atteindre aussi les pratiques juridiques fondées sur l’ordre juridique en vigueur. c) Information et formation juridique populaires : la connaissance des lois par ses destinataires rend possible sa critique, ainsi qu’une utilisation efficace pour défendre les droits établis. Mais comme le vocabulaire, la technique et la procédure judiciaire sont le patrimoine exclusif des professionnels du droit, il est indispensable d’utiliser un langage simple pour cette formation. En général, les femmes sont dépouillées de leur droit à une éducation juridique par les professionnels du droit et de la justice. Et ceci non pas seulement par des hommes mais aussi par d’autres femmes qui utilisent leur condition de juriste ou de législateur pour consolider l’idéologie patriarcale dominante. Cette énumération n’épuise pas les possibilités de pratiques alternatives du droit depuis notre perspective. Face au droit, la femme ne doit pas être seulement un OBJET de législation, mais un SUJET capable d’affronter la situation, d’exiger des change-ments, et d’établir les fondements d’une transformation sociale qui permettra une cohabitation plus égalitaire entre les sexes.