Cette conception de la défense des droits de l’homme comprend à la fois l’idée d’éducation et celle de construction de la société civile. Avec l’usage alternatif du droit, on cherche à rompre la dépendance de la communauté envers des normes légales -présumées expri-mer ce qui est juste -, et à arrêter de ce fait la reproduction d’un système de domination, reproduction qui découle du respect d’une norme injuste. Pour cela, il est nécessaire de démystifier le sentiment légaliste de la communauté, faire en sorte qu’elle intériorise une nouvelle conscience de la défense pour se réapproprier les droits qui lui appartien-nent. A partir de cette conception de défense, on peut établir les bases pour une nouvelle institutionnalité. A l’institutionnalité légale, imposée, axée sur l’autonomie de la volonté et la liberté contractuelle, l’auteur oppose ainsi une institutionnalité organisée en fonction de nécessités réelles et de la volonté collective exprimée au moyen de la participation. Dans la mesure où la communauté pourra assumer progressivement une telle défense des droits de l’homme, on assistera à un renforcement autonome d’une légitimité en dehors du cadre légal. Il s’agit donc de générer une stratégie de défense tournée vers l’éducation en même temps que vers la construction d’une société civile renforcée et développée sur ces bases de réappropriation des droits et de participation.