Dans cet article, Oscar Correas, professeur à l’Université Autonome de Puebla (Mexique) tente de cerner la notion de "critique juridique". A travers son analyse, il montre bien comment la critique juridique est intrinsèquement liée à la critique marxiste. Du point de vue interne tout d’abord, celui des personnes qui utilisent le droit : l’usage alternatif du droit est, selon lui, une véritable politique de droit, qui peut être qualifiée de critique, car son objectif est de défendre par la production de certaines normes des citoyens ou des groupes sociaux défavorisés dans la répartition des richesses. Oscar Correas insiste ici sur le critère de la redistribution des richesses pour distinguer n’importe quelle politique du droit d’une véritable politique critique. Du point de vue externe, on peut critiquer des normes à partir d’un ensemble de valeurs préalablement acceptées. Mais il faut distinguer ces deux points de vue de la critique du sens idéologique du droit, c’est-à -dire la dénonciation de l’idéologie que celui-ci transmet de façon cachée à travers la rédaction de la norme, le sens des mots, et qui construit l’idéologie du citoyen. Dénon-cer cette idéologie est l’activité propre de la critique juridique. Ce discours critique s’installe au niveau scientifique mais connaît des difficultés du fait que il vient après le discours qui fait l’apologie de l’état capitaliste et qui est peu remis en question. Pour pouvoir affirmer que le droit occulte quelque chose, la critique juridique doit se fonder sur une description préalable de ce qui est caché (description de la société capitaliste) et se trouve donc liée indissolu-blement à la critique marxiste qui est jusqu’à aujourd’hui l’unique théorie critique du capitalisme. Pour Oscar Correas, la critique juridique est donc confrontée aux discours qui font l’apologie du droit et de l’état capitaliste. Cette confrontation a lieu devant les juristes mais aussi devant les citoyens, car tout changement social en Amérique Latine passe notamment par une nouvelle culture juridique.