Les auteurs de cette présentation de l’expérience sénégalaise, dont l’un est acteur du projet puisqu’il en est le responsable, rappellent que les populations rurales forment en Afrique l’élément moteur de son développement. Malgré cette lourde fonction, le milieu rural reste le plus pauvre, le moins développé, le plus marginalisé. Comptant 60 à 80% de la population, il est celui qui est le moins associé à la réflexion politique du pays. En majorité analphabètes et démunis, les paysans ne participent pas au pouvoir, aux affaires publiques et à la vie juridique de la nation. Ainsi ajoutent-ils, le droit en général, le droit au développement en particulier, n’aura de sens profond et ne sera effective-ment institué que si tous les citoyens et notamment les paysans y sont associés, au moment de la conception et de l’élaboration de la loi, pendant toute les périodes de son application et lors de sa modification. Soulignant que si dans leur grande majorité, les pays africains n’arrivent pas à créer le cadre structurel adéquat pour mobiliser les énergies, c’est peut être parce que la grande majorité de la population n’est pas associée à l’élaboration de l’agencement institutionnel et juridique du pays. Ainsi, pensent-ils, l’action d’informer le paysan de ses droits et devoirs, lui permettre de les exercer libre-ment et pleinement, devient un facteur de développement indispensable au pays, dans la mesure où ce développement qui ne peut être l’oeuvre de quelques individus, a besoin de la participation consciente et active de tous les membres de la communauté. L’objectif de l’auto-suffisance juridique des populations à travers l’éducation juridique du monde rural dans le développement ne peut être atteint qu’en déprofessionnalisant le droit, non pas en supprimant les profession-nels du droit, mais en aboutissant à une véritable redistribution des connaissances, à la fin du monopole de l’élite intellectuelle issue de la formation classique. Etant donné que la population rurale ne peut accéder à une formation formelle, il faut, ajoutent les auteurs, qu’elle puisse la recevoir de manière informelle. Pour cela, ils préconisent, avec ceux qui ont réfléchi à la question de l’assistance juridique en milieu rural, l’implantation de structures para-juridi-ques et la formation d’intermédiaires pédago-giques, les para-juristes. Suivent plusieurs développements concrets mais inégaux sur : l’approche du monde rural ; la structure para- juridique adéquate ; la fonction des para- juristes ; la formation des para-juristes ; les moyens matériels, financiers et humains ; et sur la nécessité d’amener tous les acteurs du milieu rural et du système juridique à participer à un tel projet.