UNE PERMANENCE Il s’agit du déroulement d’une permanence de la boutique de droit du 19 arr. de Paris, dès son ouverture, avec l’arrivée des 4 ou 5 boutiquiers et boutiquières, juristes, avocats ou non, non juristes et des visiteurs. On assiste au dialogue entre les visiteurs, les visiteuses et les membres de la boutique de droit, toutes et tous dans la même pièce. C’est d’abord un jeune couple pour un problème de bail de logement, ensuite un travailleur immigré dont la patronne ne veut pas qu’il aille passer des tests à la formation professionnelle, puis une femme qui attend un enfant de l’homme avec qui elle vit depuis trois ans et qui est marié, puis un homme qui est convoqué devant la commission spéciale d’expulsions, deux responsables d’une asso-ciation de locataires qui viennent de recevoir leur congé, un squatter, une femme immi-grée, femme de ménage, mère célibataire, dont les heures supplémentaires ne sont jamais payées. Avant de commencer vraiment les bouti-quiers expliquent à nouveau le mode de fonctionnement : discussion collective, ana-lyse juridique ou non juridique, de chaque cas, intervention des visiteurs sur chaque cas. Des questions en suspens sont constamment débattues par les animateurs de la boutique. * La discussion collective La boutique est sans cesse à la recherche des possibilités et des moyens d’une profonde et réelle discussion collective pour permettre un dépassement du droit, pour oser aller à la recherche d’autres niveaux d’analyse d’un fait social. Car ses membres savent qu’il ne suffit pas d’être plusieurs autour d’une table pour qu’une discussion collective s’instaure. Tous les schémas intégrés de pratique du droit et d’approche des problèmes juridiques fonctionnent à l’encontre de la discussion collective. Ce qui veut dire qu’il y a une lutte permanente pour ne pas laisser la discussion se limiter uniquement au niveau du droit (même si la boutique doit fournir de très bons renseignements juridiques) car dans ce cas, la parole est automatiquement récupérée au profit quasi exclusif des juristes et praticiens du droit. D’où la nécessaire partici-pation de non juristes qui permet de remettre en cause l’hégémonie et la mystification du droit. Dans ce sens la boutique de droit n’est pas un lieu ou des avocats peuvent venir faire un "stage" sans se remettre en question. C’est un "ailleurs" où ceux qui veulent faire une certaine démarche hors de leur profession, un peu désintoxiqués du droit et du judiciaire, ont une place. * Liens avec les autres groupes de quartier La boutique de droit, structure collective en contact avec d’autres structures collectives, syndicales, associatives... a vu l’immeuble dans lequel elle s’est installée, occupé progressivement par d’autres groupes fonc-tionnant sur les mêmes principes et les mêmes orientations (groupes santé, de femmes, crèche, cantine, etc...) et avec lesquels elle a travaillé sur des problèmes précis (Ex. : un accident du travail : groupe santé et boutique. Un problème d’enfant : groupe de femmes et boutique, etc..).