L’Europe est en pleine recomposition, par le jeu de l’immigration venue de tous les horizons et par les bouleversements des Ă©quilibres gĂ©opolitiques. Les dĂ©bats sur la nationalitĂ©/citoyennetĂ© se multiplient et une demande de droit se fait entendre largement. Pourtant le droit, avec son langage d’autori-tĂ©, n’arrive plus Ă maĂ®triser la rĂ©alitĂ© sociale. Au moment oĂą la formation du citoyen est au centre de la rĂ©flexion sur l’Etat de droit, la loi ne sait plus quelles valeurs elle vĂ©hicule, lesquelles elle doit transmettre dans ce lieu d’apprentissage qu’est l’Ă©cole. En France, la citoyennetĂ© a toujours Ă©tĂ© un alliage subtil entre le jus sanguinis (droit du sang), le jus soli (droit du sol) et l’expression de la volontĂ©. La notion essentielle Ă construire est celle d’un contrat de citoyen-netĂ©. Dans un monde d’interculturalitĂ©, est-ce l’identitĂ© individuelle qui est le repère ou bien les multiples identitĂ©s collectives ? Les sociĂ©-tĂ©s dĂ©veloppĂ©es prĂ©conisent l’autonomie de l’individu, mais lorsqu’on n’a pas les moyens de sa libertĂ©, on rencontre très vite l’inĂ©galitĂ© et la marginalisation. De nouvelles segmenta-tions sociales apparaissent. L’affrontement Nord/Sud se produit Ă l’intĂ©rieur mĂŞme des sociĂ©tĂ©s dĂ©veloppĂ©es. A prĂ©sent, nous vivons une Ă©poque histo-rique de choix en ce qui concerne la transmission du savoir, mais une rĂ©flexion plus approfondie sur l’Ă©ducation aux droits de l’homme reste encore Ă faire. Ainsi, la recherche comparative sur l’enseignement des droits de l’homme dans plusieurs pays europĂ©ens montre qu’aucun système n’a rĂ©ellement rĂ©ussi. La rĂ©flexion prospective implique une connaissance prĂ©cise des spĂ©cificitĂ©s et des rĂ©sistances nationales, ainsi qu’une prise de conscience des enjeux actuels. L’Europe des citoyens Ă laquelle seraient associĂ©s les ressortissants non-CEE suppose un "contrat de citoyennetĂ©" clairement dĂ©fini par les deux parties, sur la base des droits de l’homme et d’une solidaritĂ© partagĂ©e. Ce nouveau contrat devrait reposer sur une citoyennetĂ© Ă©lective et concertĂ©e, et la pĂ©dagogie du civisme devrait progressive-ment supplanter la logique des origines et des appartenances.