M. Pressburger s’attache à préciser le concept de droit des opprimés, le contexte de la naissance de la relation juridique prise comme une forme spécifique des relations sociales. C’est l’histoire de la construction de ce droit dans le cas brésilien qui est intéres-sante ici. Après le coup d’état de 1964 et principale-ment après 1968, deux mouvements ont été créés par des secteurs différents de la société avec chacun des objectifs et une dynamique propres. Ils convergent aujourd’hui dans une troisième direction pour s’adapter aux exi-gences sociales. Il s’agit des associations de défense des droits de l’homme, et des mouvements populaires nés sans formalisme (associations de quartiers, de petits produc-teurs...). Dans le contexte de la dictature, les juristes des associations de défense des droits de l’homme ont dû véritablement inventer des formes juridiques efficaces, ce qui a eu notamment pour effet de rompre leur rigidité formaliste, acquise sur les bancs des facultés. D’un autre côté, les mouvements populaires trouvent des voies efficaces pour débloquer certaines situations. De la rencontre entre ces organisations et ces mouvements, après la dictature, a commencé à surgir une nouvelle conception du droit. On se rend compte que sous le concept de droits de l’homme se cachent plus de droits ou de besoins que n’en défendaient les juristes sous la dictature, que les droits les plus élémentaires ne sont pas reconnus à de larges secteurs de la population. Les juristes concernés en viennent à reconnaître ces normes comme un droit parallèle, à admettre des droits autres que ceux produits par la législation étatique, même si le processus n’en est qu’à ces débuts. Miguel Pressburger explique bien comment s’est faite l’évolution historique des relations juridiques dans les pays européens et les pays colonisés. Il montre bien aussi comment un droit fait pour la classe dominante ne répond pas aux nécessités des plus pauvres et comment naissent d’autres règles dans les favelas, surtout, dans le cas du Brésil, en matière d’urbanisme. Ces règles brisent le mode de production du droit par un état qui ne tient pas compte des populations marginalisées.