Ce rapport présente les résultats d’une expé-rience réalisée par le "Taller Universitario de Derechos Humanos" (Atelier Universitaire de Droits de l’Homme), qui a travaillé pendant deux ans sur le thème de l’éducation juridique à Oaxaca avec les Mixes (popula-tion indigène du Mexique). Ce travail a permis de mettre en lumière les différents problèmes auxquels sont confron-tés les Mixes : monopole sur la propriété de la terre, abus d’autorité, manque de moyens de communication et de transport, migration de la campagne vers les villes... La lutte pour le contrôle de la terre reste le problème essentiel. Cela remonte à la conquête espagnole, et de nos jours, la situation est alarmante car les gros propriétaires terriens (caciques) sont soutenus par l’Etat et les politiciens, favorables au maintien des conflits terriens. Les longues procédures administratives pour la reconnaissance des terres ainsi que l’isolement (culturel, juridique et géographique) des communautés indiennes aggravent encore cette situation. Dans un tel contexte, l’éducation juridique alternative offre de vastes potentiels. D’un côté, la maîtrise du langage juridique semble indispensable pour assurer la défense des droits des populations indigènes face à une législation étatique très institutionnalisée. L’éducation juridique s’avère donc nécessaire pour défendre et reprendre possession des revendications de ces groupes, et jouer le rôle de contrepoids afin d’empêcher les abus commis par les autorités et les responsables locaux. En outre, les fondements et le processus de création du droit ainsi que son efficacité doivent être remis en question. D’un autre côté, le "Taller Universitario de Derechos Humanos" estime que l’éducation juridique doit être transformée à travers la pratique et doit obéir aux besoins spécifiques du groupe concerné. Parfois cette pratique peut être ralentie à cause de l’isolement géographique des communautés indiennes, de l’implication de l’Etat dans certaines affaires... Tout cela suppose des processus extra-judiciaires tels que la négociation poli-tique, les dénonciations publiques... De plus, le "Taller Universitario de Derechos Humanos" est convaincu que l’éducation juridique et l’utilisation alternative du droit n’ont de sens que s’ils sont pris en charge par une organisation. Ensuite ce groupe explique sa façon de travailler, utilisant le droit existant par l’absence de mise au point d’une proposition alternative avec les communautés indiennes et prenant en compte leurs habitudes, croyances... et en se basant sur l’organisation et l’éducation. Finalement, le "Taller Universitario de Derechos Humanos" énumère différents principes et conditions qui doivent être inclus, selon eux, dans le concept du droit alternatif, et qui sont les suivants : respect des droit de l’homme ; reconnaissance de la nécessité de l’existence de sociétés et de cultures alternatives ; accepter le pluralisme juridique, l’autonomie et l’autodétermination afin de permettre la coexistence de plusieurs systèmes juridiques ; et enfin une rationalité alternative c’est-à -dire le fait d’accepter la propre rationalité des communautés indigènes.