UNNAYAN est une association qui a vu le jour en 1977 au Bengale, avec pour objectif d’utiliser les capacitĂ©s professionnelles de ses membres pour mettre en place des moyens alternatifs de dĂ©veloppement. ComposĂ©e surtout d’architectes, elle pensait au dĂ©part s’occuper des conditions d’habitation Ă la pĂ©riphĂ©rie des villes. Mais s’apercevant que ces questions n’Ă©taient finalement que secondaires car techniques, elle s’est intĂ©ressĂ©e Ă ce qui lui paraissait le plus urgent et fondamental : les problèmes juridiques et la question de l’utilisation du droit par les plus dĂ©munis. Et c’est ainsi que, en collaboration avec "Women Forum" (organisation basĂ©e en Inde pour la dĂ©fense des droits des femmes), elle a pris conscience des diffĂ©rentes manières dont les femmes sont discriminĂ©es en Inde : - par l’institution de la dot, somme d’argent que le gendre demande Ă sa belle-famille pour entretenir sa future Ă©pouse. Cette somme est en gĂ©nĂ©ral l’Ă©quivalent de la moitiĂ© de la vie de travail du père de la mariĂ©e et constitue, par consĂ©quent, un appauvrissement de la famille souvent intolĂ©rable. Il arrive alors frĂ©quemment que le père, après cĂ©lĂ©bration du mariage de sa fille, refuse de verser cette dot. Le rĂ©sultat est alors quasiment inĂ©luctable : le meurtre de la mariĂ©e par son Ă©poux et le père de ce dernier, mĂŞme si la loi l’interdit. La discrimination des femmes non par la loi mais par l’application de traditions et coutumes (comme l’institution de la dot, du meurtre ou de blessures très graves infligĂ©es Ă la mariĂ©e en cas de refus de versement de la dot) fait rĂ©flĂ©chir sur la non-Ă©volution du statut de la femme dans la sociĂ©tĂ© indienne. Ces usages remettent en cause l’idĂ©e prĂ©conçue qu’en changeant la loi, on va aboutir Ă une situation diffĂ©rente : il faudrait en effet concentrer davantage les efforts sur l’Ă©volution des mentalitĂ©s que sur la loi. - par la non-reconnaissance de leur rĂ´le et de leur travail au sein de la famille et auprès des personnes âgĂ©es. Comme les femmes indiennes n’ont pas de foyer qui leur appartient en propre, elles sont dĂ©pendantes des personnes chez lesquelles elles vivent, Ă savoir leurs beaux-parents si elles sont mariĂ©es, leurs parents si elles ne le sont pas ou si elles sont divorcĂ©es. Elles sont au service de la famille (parents et mari et enfants s’il y a mariage). Ce qu’elles font est considĂ©rĂ© comme normal et n’a pas Ă ĂŞtre l’objet d’une quelconque reconnaissance. Ici encore, c’est la coutume qui est le fondement d’une telle discrimination. Pour contrer cela, la seule intervention possible consiste Ă dĂ©velopper auprès de ces femmes une prise de conscience des discriminations existant Ă leur encontre afin qu’elles se dĂ©cident elles-mĂŞmes Ă rĂ©agir contre ces pratiques. A cĂ´tĂ© de l’immutabilitĂ© des situations de discriminiation due au respect de la tradition, en existe une autre qui peut dĂ©couler de la loi. L’illustration en est donnĂ©e Ă travers l’absence de droit de garde des enfants et du droit de rester dans son foyer en cas de divorce. Les femmes indiennes ont perdu le droit naturel de garde de leurs enfants depuis le "Guardian and Warship Act" de 1870, oeuvre de l’ère coloniale anglaise qui, depuis, n’a jamais Ă©tĂ© remis en question. UNNAYAN s’est associĂ©e Ă la lutte contre ces formes diverses de discrimination car seule une part minoritaire de la population fĂ©minine se rend compte des consĂ©quences discriminatoires liĂ©es au statut des femmes en Inde. Elle a donc dĂ©cidĂ© d’oeuvrer pour sensibiliser l’ensemble des femmes Ă ces points. Malheureusement, pour l’instant, c’est uniquement lorsque le besoin s’en fait sentir de façon pressante que son action de sensibilisation et d’information aboutit. A l’occasion de rĂ©unions informelles, elle procède alors par voie de conseils et de soutien juridique, individuellement ou en groupe.