DAGRA ("Daya Guaman Rakyat"), créée en 1992, a pour but de faire prendre conscience aux communautés de base et aux organisations de travailleurs, de femmes et autres organismes en milieu urbain de leurs droits tant individuels que collectifs, surtout en matière de droit du travail et de droit au logement. Par ce travail d’information et de sensibi-lisation au droit, DAGRA souhaite aussi démystifier la réalité juridique actuelle. DAGRA vise en particulier à faire prendre conscience que la loi en Malaisie n’est pas forcément synonyme de justice. Son action se concentre essentiellement : - sur des formations para-juridiques de person-nes susceptibles de devenir des délégués de groupe ou dirigeants d’organisation ; - sur des activités de conseil juridique. En outre, elle prend en charge quelques affaires judiciaires qu’elle sélectionne soigneusement, suivant l’intérêt qu’elles présentent pour la poursuite de sa tâche : établissement d’un précédent, influence sur différentes fonctions qui l’intéresse, aide et soutien à la mobilisation des individus constitués en groupes. Dans le cadre des programmes parajuridiques qu’elle dispense, DAGRA approche le droit sous un angle assez particulier mais très didactique. Elle part des individus et de l’analyse qu’ils peuvent faire de leur situation, de leur place au sein de la société pour les conduire à la notion de droit(s), les amener à en tirer les conséquences logiques, à savoir : décider eux-mêmes quels sont leurs droits. Pour ce faire, l’organisation établit une comparaison avec ce qui se passe dans d’autres pays et, en particulier, elle a recours aux textes législatifs qui affectent le(s) droit(s). Elle fait émerger ainsi, parmi les participants, une conscience de ce que pourraient être leurs droits, en contraste avec la loi. La méthodologie qu’elle suit en matière de sensibilisation et de formation est très grati-fiante puisqu’elle favorise un apprentissage où le bénéficiaire découvre par lui-même ... L’action de DAGRA s’arrête à cette impulsion donnée à la prise de conscience des droits. Il appartient à chacun d’en disposer à sa convenance, de se les réapproprier et de lutter pour qu’ils soient mis en application, ou de laisser, par peur ou lassitude, se pérenniser la situation précédant la formation. Bien entendu, l’objectif de DAGRA est atteint lorsqu’il y a réappropriation et que cette dernière engendre communication et diffusion de l’information, c’est-à -dire quand les stagiaires font bénéficier la communauté de leur formation. DAGRA a le sentiment partagé de procéder par ce biais à une démystification du droit, d’ouvrir la voie à une autre conception du droit où le recours en justice - avec ou sans le concours d’un avocat - comme moyen de répondre à une violation des droits, n’est pas l’unique solution. Il doit, pour porter ses fruits, s’accompagner de l’implication de l’individu, de l’idée qu’il se fait de ses droits, et ainsi permettre de remettre en cause progressivement l’assimilation fallacieuse du droit (au sens de justice) à la loi.