AWAM (All Women’s Action Society - littéralement, Action de femmes en société) est une organisation pour la défense des droits de la femme, mise en place officiellement en 1988 mais dont l’activité est plus ancienne. En 1985-1986, elle participait déjà aux campagnes contre la violence envers les femmes. L’objectif qu’AWAM s’est fixé est double : - dans un premier temps, elle cherche à lutter contre les violences domestiques, le viol, le harcèlement sexuel, qui touchent un grand nombre de femmes en Malaisie quelle que soit leur condition sociale ; - dans un deuxième temps et à plus long terme, elle oeuvre en faveur d’une transformation non seulement de la loi mais aussi de la société. Seul un changement des mentalités peut permettre de façon significative de concevoir le droit différemment. En effet, le droit n’étant que le reflet d’une logique et des valeurs d’une société, son évolution, pour être effective, ne peut être que déduite d’une modification des valeurs de la société, laquelle passe par l’abandon de certaines représentations, telle que celle qui considère que "la place de la femme est à la maison". En vue d’atteindre son premier objectif, AWAM a principalement agi par un travail de sensibilisation auprès des femmes. Ainsi, elle a organisé diverses campagnes, notamment celles contre le viol entre 1986 et 1989. Elle entend donner aux femmes la connaissance de leurs droits : leur permettre de prendre seules leurs décisions. Pour ce faire, cette association dispense des formations aux éléments de base du droit national et local auprès de son personnel ainsi à même de répondre aux besoins de ces femmes en matière juridique. Elle diffuse également par des publications l’information issue de capitalisation d’expériences et fait des interventions publiques. Les groupes cibles de AWAM sont issus des classes moyennes ; en ce qui concerne la population de plus faible condition sociale, AWAM s’appuie sur des réseaux locaux tel que "Friends of Women"(Thaïlande) ainsi que des organisations de travailleurs. AWAM agit aussi en amont de la sensibilisation en faisant pression sur les parlementaires. Sa dernière réussite est d’avoir contribué à l’adoption d’une loi contre le viol. Au cours d’une campagne prolongée, AWAM a fait prendre conscience aux autorités publiques du caractère inacceptable de la situation : elle a indiqué que la relation inégalitaire entre hommes et femmes qui pousse, de fait, à dénier tout droit aux femmes - droit à l’intégrité corporelle, droit de protester, droit d’agir en justice pour faire condamner et montrer du doigt le coupable et non la victime - ne pouvait être rééquilibrée que par une loi en faveur des femmes. Actuellement, sa préoccupation est l’obtention d’une loi accordant une pension alimentaire à toutes les femmes divorcées quelle que soit leur religion et le tribunal devant lequel elles doivent se présenter. En effet, dans la société malaise, à l’heure actuelle, seuls les tribunaux pour les Musulmans ("Syariah Courts") autorisent l’octroi d’un tel soutien financier. AWAM incite les couches les plus vulnérables de la population à se réapproprier leurs droits, grâce à des fascicules didactiques, parfois sous forme de bandes dessinées, à la fois pertinents, clairs et simples qu’elle met à leur disposition et qui ont pour objet de faciliter l’accès au droit. Malheureusement, AWAM se trouve confronté à de multiples obstacles dans le développement de son projet : - les documents juridiques dont elle dispose sont en anglais (et non dans les langues locales) ; le contrôle de l’Etat empêche toute liberté de parole et rend toute diffusion massive de publications quasiment impossible ; l’Etat malaisien n’accepte pas l’implantation de AWAM au niveau national. Aussi tente-t-elle de contourner ce problème en recherchant le soutien de nombreuses ONG internationales. - bien que la loi sur le viol ait été votée, grâce notamment à son action de lobbying auprès des parlementaires, elle n’a toutefois pas été mise en application. AWAM poursuit donc son effort en tant que moteur de la prise de conscience par les femmes de leur condition, pour leur donner l’opportunité de s’organiser et de lutter pour l’application de la loi contre le viol et contre les textes ou pratiques discriminatoires en général, et de contribuer à changer les mentalités et les comportements de la société malaisienne, et en particulier réduire la domination de l’homme sur la femme