Violation par la Chine du droit au logement au Tibet : une analyse de la question




Le "Centre on Housing Rights and Evictions" (COHRE - "Centre pour les droits au logement et contre les expulsions"), crĂ©Ă© en 1992 et basĂ© Ă  Amsterdam, montre dans son ouvrage "Destruction by Design" (littĂ©ralement, destruction pour embellissement) comment la Chine, Ă  travers des mesures concernant le logement et l’amĂ©nagement du territoire, a violĂ© le droit au logement du peuple tibĂ©tain. Pendant 44 ans d’occupation chinoise, des milliers de TibĂ©tains ont Ă©tĂ© expulsĂ©s de Lhassa et leurs logements dĂ©molis, sous prĂ©texte "d’embellissement" de la ville. Officiellement, le gouvernement de la RĂ©publique Populaire de Chine dĂ©clare que le Tibet est sous sa tutelle depuis au moins 700 ans et rejette toute allĂ©gation d’une occupation du Tibet. Cependant, cette affirmation selon laquelle le Tibet a toujours appartenu Ă  la Chine est remise en question depuis que le Tibet a Ă©tĂ© envahi par les Chinois en 1950, puis occupĂ© dĂ©finitivement par ces derniers dès 1959. De nos jours, les centres urbains du Tibet ne connaissent pas de pĂ©nurie de logements, mais ce sont les politiques, les procĂ©dures et les pratiques de l’administration chinoise qui entravent l’accès au logement des TibĂ©tains. Le processus d’allocation de logements, mis en place par le gouvernement de PĂ©kin, est assez contraignant : pour obtenir la permission d’ emmĂ©nager en zone urbaine, il faut tout d’abord prĂ©senter une attestation de logement, ce qui diminue en rĂ©alitĂ© les chances de trouver un logement en milieu urbain par voie lĂ©gale ou juridique. Le recours Ă  des moyens parallèles ou alternatifs de recherche est, en outre, puni très sĂ©vèrement. Sous couvert de sa politique "donner de l’aide au Tibet", la Chine a vivement encouragĂ© ses citoyens Ă  Ă©migrer au Tibet, contribuant ainsi Ă  renforcer les politiques chinoises de logement et de planification appliquĂ©es au Tibet. Les TibĂ©tains sont ainsi devenus minoritaires dans leur propre pays. Afin de mettre un terme aux violations du droit au logement au Tibet, il est nĂ©cessaire, selon COHRE, d’agir en faveur d’un changement des systèmes lĂ©gal, administratif et politique de la Chine. L’application du droit international pourrait y contribuer, par exemple, en faisant tomber de nombreuses barrières qui empĂŞchent actuellement l’attribution du droit au sol et en obligeant la Chine Ă  respecter les droit Ă©conomiques, sociaux et culturels des TibĂ©tains. Ainsi l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies avait adoptĂ© trois rĂ©solutions en 1959, 1961 et 1965, chacune d’entre elles condamnant la suppression de l’indĂ©pendance du Tibet et les violations de son droit Ă  l’auto-dĂ©termination par la Chine. Une vingtaine de recommandations, (bien que sans valeur obligatoire), ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es auprès du gouvernement chinois. A la suite des requĂŞtes adoptĂ©es en faveur du droit au logement et face Ă  la pression active des populations concernĂ©es pour influencer les dĂ©cisions en matière d’allocation de logement, un changement d’attitude du gouvernement chinois s’est fait quelque peu sentir. Les mĂ©canismes de blocage entravant la libĂ©ralisation de ce droit subsistent nĂ©an-moins. Ils sont dĂ»s Ă  une grande indiffĂ©rence persistante de la communautĂ© vis Ă  vis des politiques de logement et d’amĂ©nagement du territoire. En outre, pour pouvoir Ă©valuer la situation difficile du logement et des besoins rĂ©els dans ce domaine, il est nĂ©cessaire d’avoir accès Ă  l’information. Or celle-ci est très limitĂ©e au Tibet, et l’information venant de Chine est, la plupart du temps, peu fiable ou trop imprĂ©gnĂ©e de l’idĂ©ologie du gouvernement chinois, ce qui rend la tâche d’autant plus difficile.


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Mots-clĂ©s Auto-dĂ©termination des peuples - Droit au logement - Droit dominant - Droits de l’homme - LĂ©gitimitĂ© - Occupation Ă©trangère - Politique du logement -

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