Atelier Populaire d ?Urbanisme : des habitants qui font valoir leurs droits Atelier Populaire d ?Urbanisme : des habitants qui font valoir leurs droits

Atelier populaire d’Urbanisme de Moulins




L ?Atelier Populaire d ?Urbanisme est une association qui regroupe des militants (habitants du quartier principalement) et des salariés. Son objectif est de lutter contre l ?exclusion sociale en informant et conseillant les habitants sur le droit au logement et en les soutenant pour que, solidaires et formés dans leur militantisme, ils puissent faire valoir leurs droits dans ce domaine. Personnes accueillies par l’association L ?accueil se fait pour tout locataire ou propriétaire de Moulins, des quartiers limitrophes sur lesquels il n ?existe pas d ?APU et sur les villes avoisinantes. Il est à noter cette année que l’APU Moulins, dans le cadre de son action ?Information Conseil Soutien ? a également apporté une aide à l’accès aux foyers d’hébergement d’urgence, notamment pour les personnes en situation d’asile territorial et d’asile politique. Les familles accueillies le sont soit sur une démarche personnelle et volontaire de demande de notre soutien, soit orientées par leur réseau personnel (familles, amis ?), un service d ?aide sociale de la ville ou du département ou par un partenaire issu du réseau associatif et militant de l’APU Moulins. Les difficultés rencontrées par les familles Nous pouvons ici reprendre les grandes lignes des difficultés détectées depuis plusieurs années. De plus en plus de ménages, en précarité de ressources, sollicitent l’APU suite à des pressions de bailleurs (souvent petits propriétaires privés) pour obtenir leur départ (début d’impayés, possibilité de relouer à des tarifs plus élevés ?). Notre intervention est dans ce cadre précis nécessaire afin que ces populations en difficulté économique, ne subissent pas, en plus de l’exclusion salariale et économique, l’exclusion par le logement. Nous nous efforçons donc, dans l ?attente d ?un relogement plus adapté aux ressources de la famille, de maintenir la famille dans ce logement. Toutefois les délais imposés par les difficultés de relogement dans le parc social, souvent plus approprié au relogement des familles en grandes difficultés, rendent de plus en plus incertaine la reconnaissance du droit au logement pour tous. Les exigences de plus en plus contraignantes des bailleurs sociaux quant à l ?accès des familles à faibles ressources ou monoparentales rendent, elles aussi, de plus en plus complexe la reconnaissance de ce droit et plus largement du ?droit d ?habiter ?. On continue également de constater l ?allongement des délais de relogement. De plus, les demandes de relogement sont de plus en plus importantes d ?année en année, souvent pour des raisons économiques. Couplé à la difficulté d ?accès au parc public et à l ?augmentation de la pauvreté (notamment sur des quartiers fortement touchés par le chômage comme Moulins), le manque flagrant de construction de logements sociaux et d ?intervention publique sur l ?indexation des loyers dans le parc privé questionne de manière plus qu ?inquiétante le droit au logement et plus particulièrement le droit d ?habiter la ville ? Il est à noter cette année que l’opération de démolition de la barre de Strasbourg et l’inadéquation des délais de reconstruction de son pendant locatif viennent renforcer cet état de fait. En 2001, une recrudescence des expulsions est constatée. Pour ce qui nous concerne, nous avons su cette année pallier ces difficultés et garantir le maintien dans les lieux ou le relogement de toutes les familles nous ayant interpellés dans les délais permettant notre intervention. De plus, on continue d ?assister à des expulsions illégales visant une population dépourvue et peu mobilisée, souvent mise hors du Droit par des lois et règlements arbitraires, acceptant par-là fatalement le jeu des marchands de sommeil. L ?action des membres de l ?APU Le suivi des familles se fait au travers de rendez-vous individualisés et de visites à domicile. L ?accueil et l ?écoute lors des permanences, les relations individuelles ainsi que le cadre ?association d ?habitants solidaires ? permettent d ?obtenir la mise en place d ?une relation privilégiée et d ?un rapport de confiance original qui ne s ?inscrit pas dans une concurrence avec les autres services d ?intervention sociale mais bien en complémentarité de ceux-ci. A maxima, nous tentons de favoriser une négociation locataire/bailleur qui trouve souvent satisfaction pour l ?une et l ?autre des parties. Quand celle-ci échoue ou qu ?elle n ?est pas, au vu de la situation, possible, nous accompagnons les familles dans des démarches juridiques de reconnaissance de droits. Très souvent, les difficultés de logement viennent se coupler à d ?autres difficultés, économiques et/ou sociales. Dans ce cadre précis, nous favorisons le travail en partenariat et en concertation avec les différents partenaires sociaux présents sur le quartier. Si ce travail partenarial échoue, notons que les militants et salariés ont aussi développé des compétences leur permettant d’appréhender ces difficultés et de résoudre les problèmes posés. Dans tous les cas, nous cherchons à optimiser les possibilités d’une intervention cohérente et transversale dans le respect de la dignité du public accueilli. Nous veillons aussi à la reconnaissance du respect des droits et à la revendication d ?une avancée sociale afin de lutter contre toutes les formes d ?exclusion économique, sociale et culturelle. Nous continuons à dénoncer et à alerter les pouvoirs publics sur l’augmentation de la précarité et la paupérisation des familles rencontrées dans nos permanences. Même si notre intervention est dans ce cadre précis indispensable afin de veiller à ce que le droit au logement soit l ?affaire de tous, il est nécessaire aujourd’hui d’interroger le sens de notre action et nos modes d’intervention. Il est clair et avéré que l’APU Moulins joue, dans une certaine mesure, le jeu des institutions consistant à garantir la paix sociale. Nous ne pouvons le nier. Jusqu’à présent, nous nous efforçons, dans ce système, de trouver un équilibre nous permettant néanmoins de continuer à faire valoir nos revendications militantes pour garantir à tous l’égalité des droits. C ?est pourquoi il nous semble important pour les années à venir de renforcer d ?une part les actions visant à favoriser l ?accès au logement ou le relogement de familles dites en grandes difficultés sociales, et de dénoncer d ?autre part les conséquences d ?une spéculation immobilière sévissant sur Lille et excluant de la ville des populations garantes d ?un équilibre et d ?une identité populaire. Cela de manière prioritaire pour agir en amont des difficultés. Les permanences d’accueil collectif Chaque semaine, 3 militants animent une permanence d’accueil au cours de laquelle des familles viennent exposer leurs difficultés en matière de logement. Au cours de cette permanence, familles et militants essaient de faire ensemble le point sur les problèmes posés. Les militants recueillent un maximum d’informations et discutent avec les familles présentes. Au-delà des conseils et des informations apportées, ces permanences posent le cadre au travers duquel les familles et l’APU dans sa mixité militants / salariés vont travailler ensemble. Cette ?contractualisation ? a pour objectif de poser la nécessité d’action et de revendication collective nécessaire à la lutte contre l’exclusion par le logement. Elle est aussi indispensable pour rompre avec le cercle vicieux de l’assistanat social, de la victimisation et de la culpabilisation des personnes confrontées à ce type de difficultés. Suite à ces permanences, un temps de rétrocession des informations entre les militants et les permanents salariés, va permettre une réflexion sur les pistes de résolution des problèmes posés. Une déviance sur la régularité et l’effectivité de ces temps de travail entre militants et permanents est à noter cette année. Nous devrons en trouver les causes et y pallier. Le collectif logement Le collectif logement, autre temps de rencontre entre militants et salariés de l’APU a lieu à fréquence bimestrielle. Nous avions l’année dernière mis en place des groupes de travail sur des problématiques significatives des principales difficultés rencontrées par les familles accueillies dans nos permanences. Ces thématiques étaient : l ?accès au logement ? l ?expulsion ? les HLM ? l ?insalubrité ? les travaux. Fort est de constater que nous ne sommes pas parvenus à faire vivre ces groupes de travail. Seul un groupe de travail a "vivoté", celui portant sur l’expulsion. L’objectif de ces groupes de travail était de favoriser l’émergence d’actions collectives. Il est vite apparu que pour plusieurs thématiques, il était difficile de cibler un ancrage commun favorisant l’apparition d’une conscience collective de lutte (propriétaires différents, permanence de logiques individualistes ?). Pour autant, en matière d’accès au logement et plus précisément d’accès au parc social, forts de toutes les discriminations repérées, il apparaît que nous pouvons faire émerger une action collective. Nous sommes convaincus aujourd’hui que seul ce rapport de force est garant de résultat. C’est pourquoi dans nos permanences, nous devrons trouver les moyens de coordonner des actions collectives allant dans ce sens (conférences de presse, état des lieux de la demande et de l’offre, assemblées générales habitantes desquelles émaneront les actions à mettre en ?uvre). Des actions de formation des militants et des familles seront également mises en place pour garantir à chacun l’appropriation des outils techniques nécessaires à la compréhension des enjeux globaux. Nous ne pouvons que constater le dysfonctionnement de ce collectif. Une réflexion à ce sujet a été entamée au cours d ?un "état des lieux logement". Une première question relative au nombre de militants investis a été soulevée. Même si nous devons continuer à faire en sorte que ce collectif logement s’élargisse, nous ne pouvons réellement justifier l’affaiblissement du collectif par ce critère. En termes de nombre de militants investis, le collectif logement ne s’est pas affaibli. Par contre, les militants actifs aujourd’hui au sein de ce collectif sont pour des raisons d’emploi du temps moins présents dans l’animation de celui-ci (salariés souvent investis dans d’autres mouvements et sûrement aussi démobilisés par les difficultés rencontrées cette année sur l’efficience de l’animation de ce collectif). En conclusion, il nous parait nécessaire de renforcer la singularité de notre fonctionnement auprès du public soutenu. Notre volonté de rompre avec le modèle classique de l ?accompagnement social tel qu ?il existe chez les interlocuteurs institutionnels doit être plus visible dans les modes d ?actions utilisés. La professionnalisation de l ?APU Moulins n ?est pas sans responsabilité sur ce constat. Il est nécessaire pour préserver l ?appartenance militante de l ?association de renforcer l ?intervention des militants dans les actions de soutien aux familles d ?une part, et d ?organiser l ?action collective des familles touchées par la même problématique d ?autre part. Fort aujourd ?hui de la reconnaissance de notre compétence en matière de droit au logement, nous devons orienter nos actions sur les causes et les responsabilités de cette augmentation de la précarité sociale et économique et rompre avec des pratiques qui consistent à gérer une situation que par ailleurs nous dénonçons. Nous ne devons pas gérer la crise économique tel que cela nous est de plus en plus imposé, mais agir avec les locataires victimes de cette situation pour dénoncer et organiser un rapport de force constructif pour la reconnaissance du droit au logement.


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Mots-clés Action collective - Défense des droits - Droit au logement - Exclusion sociale - Logement - Lutte juridique - Permanence juridique -

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