Actions parajuridiques en faveur de l’économie informelle

SEWA




SEWA est un syndicat créé en 1972 pour mobiliser les femmes travaillant dans le secteur ?informel ? de l ?économie indienne. Ce secteur regroupe la majorité des femmes actives (94 %). Celles-ci occupent divers emplois : vendeuses de rue, petites productrices ou fournisseuses de services. SEWA compte aujourd ?hui 420 308 membres dont la plupart viennent de l ?Etat de Gujarat. Deux tiers des membres viennent de communautés rurales. SEWA suit la philosophie de Gandhi. Le mouvement s ?étend maintenant à six autres Etats en Inde, en Afrique du sud, au Yémen et en Turquie. Nos objectifs SEWA a deux principaux objectifs : organiser les femmes pour qu ?elles obtiennent un emploi ?complet ? et obtenir leur auto-suffisance. Un emploi ?complet ? est un emploi assorti de la sécurité de l ?emploi, d ?un salaire minimum, d ?une sécurité alimentaire et de la sécurité sociale couvrant les dépenses de santé, la garde d ?enfants, le logement, l ?alphabétisation, l ?aide juridique, l ?épargne et les prêts. Action commune des syndicats et coopératives La stratégie de SEWA repose sur la lutte et la recherche du développement à travers l ?action commune des syndicats et coopératives. SEWA a donc établi deux façons de s ?organiser : en syndicat ou en coopérative. Les deux formes d ?organisation sont démocratiques et peuvent être dirigées et contrôlées par les travailleuses elles-mêmes. SEWA a contribué à la création de 85 coopératives et 185 syndicats qui réunissent 55 000 membres. Les campagnes de mobilisation, éléments fondateurs de l ?action de SEWA Les campagnes lancées par SEWA sont décidées et organisées par les membres eux-mêmes. Grâce à une très large mobilisation, les problèmes rencontrés par nos membres sont exposés et des solutions à court et long terme sont adoptées. Les campagnes ont abouti à des changements de politique qui ont renforcé les travailleurs et leurs mouvements. La campagne des vendeurs de rue est l ?une des plus réussies et efficaces qu ?ait initiée SEWA. La campagne des vendeurs de rue Par tous les temps, les vendeurs de rue travaillent dehors, à chaque coin de rue de nos villes. Ils représentent une grande partie du secteur informel. Leur commerce dépend de leur capital de départ et de la demande. Ils font face à de nombreuses difficultés. Les autorités municipales et le grand public les considèrent comme une nuisance et parfois même comme des criminels. Il n ?existe aucune règle claire régissant l ?activité des vendeurs de rue et les lois existantes ne sont pas en leur faveur. Nous pensons qu ?ils représentent cependant une part essentielle dans la vie d ?une ville. Ces vendeurs font du commerce en bord de rue pendant la journée ou pendant les heures de pointe. Ils se déplacent parfois vers les quartiers résidentiels, transportant leurs produits dans des charrettes, sur leur tête ou sur leur dos. Ces personnes ont obtenu leur travail grâce à leurs efforts et du fait de leur propre initiative. Ils travaillent dans des conditions difficiles chaque jour pour gagner leur vie de façon légale et digne. Ils sont souvent seuls et bénéficient de peu ou pas d ?aide du gouvernement. Les vendeurs contribuent de manière substantielle au système de distribution de biens à l ?échelle de la ville et fournissent un marché pour les petits producteurs ou les producteurs familiaux. Ils permettent de rendre accessible à la société des produits peu chers vendus à des endroits pratiques. La campagne des vendeurs de rue se déroule au niveau local, national et international pour améliorer leurs conditions de travail. Leurs principales demandes concernent les lieux de travail, les licences et les changements législatifs. Ils demandent également qu ?une politique nationale soit mise en place. Gomiben est une vendeuse de légumes. Elle vend des légumes et des épices à la sortie du marché de vente en gros de Jamalpur. Elle vit dans une localité voisine, Behrampura. Elle a 5 enfants, l ?aînée a 14 ans et le plus jeune a 3 ans tout juste. Elle a perdu son mari il y a 2 ans. Il avait commencé par travailler à l ?usine mais il était ensuite devenu vendeur à la brouette. Elle a adhéré à SEWA il y 5 ans et représente à présent le conseil de SEWA. Avant d ?adhérer au syndicat, elle a obtenu une licence de la corporation municipale d ?Ahmedabad (AMC) pour vendre des produits. Elle a ouvert un compte épargne avec la banque de SEWA, a commencé à économiser régulièrement et a obtenu un prêt de 1000 roupies pour constituer son capital de travail. A présent, elle n ?a plus à emprunter de l ?argent à un prêteur à un taux d ?intérêt de 10 % par jour. Elle met son fils de 3 ans à la garderie de SEWA, ce qui permet à sa s ?ur d ?aller à l ?école. En cas de problème de santé, elle et sa famille peuvent se rendre au centre médical du syndicat. Elle a souscrit une police d ?assurance qui couvre les accidents, maladies, dégradations de sa maison, de ses biens, des outils et équipements pour son commerce, causés par un tiers ou par un désastre naturel. Elle suit des cours d ?alphabétisation organisés par SEWA dans sa localité. Elle peut désormais lire les numéros de bus, les panneaux, les relevés de banque, etc. Il y a des milliers de vendeurs comme Gomiben à Ahmedabad qui sont à présent membres du syndicat et bénéficient aussi des services suivants : carte d ?identité de SEWA et une licence délivrée par l ?AMC, épargne et prêt avec la banque de SEWA, assurance, couverture médicale, garderie pour les enfants, classe d ?alphabétisation, logement, programme Parivartan (les membres ont accès à l ?eau, l ?électricité, toilettes et une benne à ordure mobile ; ils contribuent a 25 % du coût total - les 75 % restants sont couverts par AMC et d ?autres agences), prêt par la banque de SEWA pour des réparations, extension ou achat d ?une maison si le premier prêt a été remboursé sans difficulté. Les marchands de légumes au marché de vente en gros Il y a trois ans, SEWA a acheté une boutique au marché de vente en gros de Jamalpur. Le marché est géré par le Comité du marché de produits agricoles (Agriculture Produce Market Committee ? APMC) conformément aux directives du gouvernement. Les producteurs ruraux y vendent leurs légumes au prix de gros et les vendeurs urbains ou grossistes viennent y acheter les produits pour ensuite les revendre. L ?APMC a décidé de taxer à 6 % les acheteurs. SEWA avec l ?aide de son organisation-soeur (la Fédération des coopératives de femmes) de l ?Etat de Gujarat a pu acheter une boutique au marché pour réduire les charges pesant sur les vendeurs (4 %) et aider les producteurs ruraux à obtenir un prix juste pour leurs produits. La boutique est entièrement gérée par les femmes, ce qui en fait un symbole dans ce marché dominé par les hommes. Après avoir dû faire face à toutes sortes de pressions, la boutique de SEWA est désormais viable et continue de bien fonctionner. Elle permet aux productrices et aux vendeuses de faire leur commerce. En conclusion, il existe de nombreux exemples qui montrent les changements apportés par SEWA dans la vie de nombreuses femmes. L ?adhésion à SEWA a contribué à leur rendre une vie digne et à donner à leurs enfants une éducation. Elles peuvent désormais posséder leurs biens (individuellement ou collectivement), ont accès à la sécurité sociale et peuvent obtenir des prêts à des conditions avantageuses pour faire face à des crises ou améliorer leurs conditions de vie.


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Mots-clés Action collective - Coopérative - Droits des femmes - Economie informelle - Femme - Syndicat - Travail -

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