Le projet est développé dans un quartier de la périphérie de la ville de Rome très étendu, Tor Bella Monaca, où les difficultés sociales se mêlent aux problèmes économiques et culturels. La VIIIième Municipalité de Rome où Tor Bella Monaca se trouve, compte à peu près 200.000 habitants. Le pourcentage de chômeurs est de 12,3 % et le taux de chômage des jeunes (14-29 ans) est de 23 %. 982 mineurs perçoivent des allocations sociales et 520 familles sont assistées. Le “ Centre de droits ” a été créé au mois d’octobre 2000, à partir de l’expérience de terrain d’un certain nombre d’associations et de coopératives sociales intégrées, travaillant dans le quartier depuis de nombreuses années. Il a pour finalité générale l’accès de tous aux droits fondamentaux par une activité d’accueil et d’information des personnes en difficulté, l’organisation de consultations juridiques gratuites, la mise en place d’actions d’éducation et de formation au droit et à la citoyenneté. Le Centre de droits s’attache à valoriser les ressources de la communauté locale et à développer son sens de la solidarité et de la responsabilité civique. Il fonde son action sur une vision dynamique du droit, comme reflet ou levier de l’évolution de la société, outil collectif susceptible d’être modifié pour mieux répondre aux besoins des personnes concernées. Ainsi, mettre en place ou renforcer sur le terrain des initiatives de promotion sociale favorisant les processus d’intégration et de citoyenneté par l’accès aux droits ne peut se décliner qu’à partir d’une certaine conception du droit, du lien entre droit et cultures et du rôle que le droit peut jouer en tant qu’outil d’autonomie et de développement. Les personnes en situation d’exclusion sont le plus souvent mal informées de leurs droits et devoirs : droit à une allocation sociale, au bénéfice d’une procédure, démarches à accomplir, etc. Le manque d’information tient en partie au caractère insuffisamment accessible de celle-ci, reflet de la multiplicité des acteurs auxquels sont contraintes de s’adresser les personnes en difficulté. Ceux qui se trouvent en situation de précarité ou d’exclusion souffrent, en outre, d’un manque d’estime d’eux-mêmes. Ils intériorisent leur impuissance à agir et s’enferment dans la passivité, ou bien, parfois, font de la demande d’assistance une sorte “ d’emploi régulier ”. Pour donner aux personnes l’occasion d’utiliser leurs ressources et leurs capacités, il faut les mettre en confiance, rééquilibrer la relation d’inégalité entre l’aidant et l’aidé, et soutenir les besoins et les souhaits individuels par une activité d’accompagnement. Par ses services d’information et d’accueil, de consultation juridique (pour les mineurs, les femmes, les migrants, les réfugiés), et ses interventions en matière d’éducation et de formation, le Centre s’attache à souligner auprès des habitants du quartier le lien entre droits et citoyenneté, celle-ci impliquant aussi des devoirs et leur responsabilité dans le respect du bien commun. Certains droits sociaux de dimension collective, tels le droit au logement, le droit au travail, le droit à une vie de famille sont plus ou moins reconnus juridiquement mais loin d’être effectifs pour de multiples raisons : contexte défavorable (crise économique, nombre de logements insuffisant...), contradiction entre certains droits (droit de propriété et droit au logement par exemple), entre certains objectifs (la préservation de la vie familiale et le placement des enfants lorsque les familles ne sont pas jugées capables d’assurer leur éducation dans de bonnes conditions). Face à cela, le Centre a organisé des groupes d’orientation réunissant des femmes rencontrant des difficultés d’emploi et des problèmes familiaux pour leur permettre de réfléchir à ce que sont et ce que devraient être les droits de la femme au travail ou dans la famille. Autre exemple : dans le contexte de l’expulsion massive des habitants d’un quartier d’habitat social par la municipalité, il a initié un rassemblement des habitants en petits groupes, sur le thème du “ droit au logement ” pour que ceux-ci réfléchissent à son contenu concret. Une médiation entre leurs demandes et le Bureau du Logement de la Municipalité a ensuite été assurée. Notre intervention est menée en collaboration avec les services sociaux et les autres acteurs locaux. En effet, tant au niveau individuel que collectif, la mobilisation des personnes en situation d’exclusion ou de précarité implique une approche globale faisant appel à de multiples compétences et champs d’intervention. Ceci nous conduit à nous interroger sur la façon dont peut s’organiser et s’articuler le partenariat entre les différents acteurs afin d’apporter les meilleures réponses possibles.