Le MNLM (Movimiento Nacional de Luta Pela Moradia – Mouvement National de Lutte pour le Logement) est nĂ© en 1991 et n’a vraiment commencĂ© Ă se structurer que ces dernières annĂ©es. Ses reprĂ©sentants insistent sur le fait que les militants de ce mouvement sont encore dans un processus d’apprentissage et de formation dans la lutte. Il est organisĂ© dans 14 Etats du BrĂ©sil (avec une reprĂ©sentativitĂ© plus ou moins forte selon les Etats). La conjoncture du logement au BrĂ©sil Aucune vĂ©ritable politique de logement n’a jusqu’alors Ă©tĂ© mise en place au BrĂ©sil, d’une part par absence de volontĂ© des pouvoirs publics et d’autre part, parce que le pays connaĂ®t un processus de dĂ©veloppement urbain très rapide qui ne leur laisse pas forcĂ©ment le temps de prendre des mesures Ă long terme. La grande majoritĂ© de la population brĂ©silienne vit encore en zone rurale, mais le flux migratoire vers les villes est très important. Le MNLM estime qu’il y aurait besoin de 15 millions de logements supplĂ©mentaires (ou rendus habitables), pour environ 60 millions de personnes. Actuellement, 6 millions de logements ne remplissent pas leur rĂ´le social et environ 100 000 familles occupent un logement sans que leurs situations soient rĂ©gularisĂ©es. Le droit au logement est garanti par la Constitution brĂ©silienne, mais il se heurte dans les faits Ă la propriĂ©tĂ© privĂ©e. L’un des objectifs du MNLM est que ce droit Ă la propriĂ©tĂ© privĂ©e cesse de prĂ©dominer sur celui Ă la dignitĂ© humaine. Les actions du MNLM Le mouvement s’adresse Ă la fois aux personnes sans logis et aux habitants qui vivent dans des zones Ă risques (zones insalubres, risques d’expulsions, etc.) La lutte s’articule autour de la nĂ©cessitĂ© d’arriver Ă une rĂ©forme urbaine. Elle ne s’arrĂŞte pas Ă la revendication d’un logement dĂ©cent pour tous, mais a Ă©galement pour objectif d’obtenir l’accès aux services de base liĂ©s Ă l’habitat : accès aux transports, Ă l’eau et l’électricitĂ©, Ă la santĂ©, l’éducation… Pour cela, le MNLM mène 5 types d’action : - Occupation de logement : les reprĂ©sentants du mouvement insistent sur la diffĂ©rence qu’ils font entre les termes “ invasion ” - installation sur un terrain dĂ©jĂ occupĂ© par quelqu’un pour lui donner une autre utilitĂ© sociale - et “occupation” - installation sur un terrain non utilisĂ© pour lui donner une utilitĂ© sociale ; - Lutte contre les expulsions ; - Recherche de financements pour amĂ©liorer les conditions de logement, mise en place de projets alternatifs de construction ou de rĂ©novation (systèmes d’auto construction par les familles…) et recherche de nouvelles techniques de construction liĂ©es Ă des prĂ©occupations Ă©cologiques pour prĂ©server l’environnement tout en conservant des logements accessibles aux plus dĂ©munis ; - Travail de lobbying auprès de l’Etat brĂ©silien pour qu’il rĂ©gularise les occupations (certaines familles occupent des logements depuis 10 ans et leur situation n’est toujours pas rĂ©gularisĂ©e) ; - CrĂ©ation de coopĂ©ratives regroupant les occupants pour favoriser les liens de solidaritĂ©, les prises de dĂ©cisions collectives et la rĂ©alisation d’un travail communautaire. Occupations et crĂ©ation de lien social Les actions d’occupation de logements nĂ©cessitent un grand travail de prĂ©paration et une forte discipline collective. La pression psychologique sur les occupants est souvent très forte, du fait des risques d’expulsions. Après cette première phase d’occupation impliquant une forte mobilisation pour la prise de possession et l’installation dans les logements, se met en place un processus progressif d’organisation collective. Les habitants doivent tout mettre en Ĺ“uvre pour avoir accès aux services de base (transport, Ă©coles etc.). Les problèmes qui surgissent ne sont pas liĂ©s aux conditions matĂ©rielles car les gens sont habituĂ©s Ă vivre dans des conditions très prĂ©caires. Par contre, le fait de vivre dans un collectif oĂą les dĂ©cisions doivent ĂŞtre prises ensemble, oĂą il faut effectuer un travail communautaire, reste plus difficile Ă gĂ©rer. Lorsque les habitants sont des occupants de fait, la menace de l’expulsion les pousse Ă rester solidaires et le lien social est très fort. Par contre, quand cette menace disparaĂ®t, que l’occupation est rĂ©gularisĂ©e ou du moins acceptĂ©e par les pouvoirs publics, il arrive que le lien de solidaritĂ© disparaisse et que les habitants rentrent Ă nouveau dans un processus plus individualiste. ActualitĂ© du mouvement Après le premier congrès du MNLM sur le thème “ droit Ă la ville ” et la formation en novembre 2001 de la “ Caravane des sans toit ”, l’action du mouvement s’est renforcĂ©e au dĂ©but 2002, par l’occupation d’un immeuble durant le Forum Social Mondial de Porto Alegre, appuyĂ©e par l’association française DAL (Droit au Logement). L’objectif de cette action Ă©tait de montrer le manque de moyens mis en Ĺ“uvre par l’Etat pour remĂ©dier au problème de l’accès au logement des plus dĂ©munis. Ce bâtiment est devenu un symbole des luttes urbaines au BrĂ©sil. Alors qu’il Ă©tait abandonnĂ© depuis 16 ans, 78 familles y habitent dĂ©sormais et l’Etat a acceptĂ© de participer Ă sa rĂ©novation. La rĂ©pression de ces luttes reste très forte. Les grands propriĂ©taires terriens se dotent de milices qui ont pour rĂ´le de maintenir l’ordre et prĂ©server la propriĂ©tĂ© privĂ©e (surtout dans l’Etat du Rio Grande do Sul). Dans certains Etats, le gouvernement a mis en place une police spĂ©ciale, appelĂ©e “ police de choc ”, pour mettre fin aux occupations et participer aux expulsions. Souvent, les familles expulsĂ©es sont sĂ©parĂ©es et dĂ©posĂ©es aux quatre coins des Etats, pour Ă©viter qu’elles ne se mobilisent Ă nouveau ensemble et casser les solidaritĂ©s existantes. La lutte pour le droit au logement est assez rĂ©cente au BrĂ©sil, le pays ayant surtout Ă©tĂ© le théâtre de luttes pour la terre, et ce depuis plus de 500 ans.