Fundación Mujeres / Asociación Themis / Mujeres Progresistas
1 L’objectif global des organisations de femmes appartenant au réseau « Red feminista de mujeres » est de lutter pour le respect des droits des femmes et l’application du principe d’égalité d’opportunités entre hommes et femmes. 2 En Espagne, la reconnaissance des droits fondamentaux des femmes est assez récente. A la fin des années 70, les femmes devaient par exemple toujours avoir l’autorisation de leur époux pour effectuer des opérations de vente ou d’achat de certains biens. Le droit constituait un instrument restreignant leurs libertés. Ce ne fut donc pas une évolution facile de le considérer comme un outil au service de leurs objectifs. La reconnaissance des droits fondamentaux fut obtenue dans les années 80 (droit au divorce, droit à l’avortement reconnu en 1989, …), grâce à la mobilisation des femmes et de leurs organisations. Cette mobilisation se poursuit aujourd’hui. 3 Les organisations de femmes sont parvenues à influer sur la ligne d’action des divers gouvernements durant ces années. Aujourd’hui, elles agissent de manière coordonnée, notamment au sein du réseau. En ce qui concerne les actions menées sur le terrain du droit, les organisations “non juridiques” se centrent davantage sur les questions conceptuelles et politiques. Elles formulent des propositions pour faire évoluer la législation dans le sens d’une plus grande égalité entre hommes et femmes, et mènent différentes actions pour les faire adopter. 4 Elles organisent ainsi des campagnes communes pour obtenir une modification de la loi. Elles prennent contact et travaillent avec les groupes politiques et leur porte-parole au sein de la chambre des députés, ainsi qu’avec les membres du gouvernement. Aujourd’hui, les membres des organisations de femmes soulignent que la relation avec ces derniers est assez facile, sur la thématique du droit des femmes. 5 Ces dernières années, la loi sur les violences de genre a constitué le point central du travail des organisations sur l’élaboration et l’évolution des lois. Le gouvernement lui-même a sollicité diverses organisations pour travailler avec lui sur le contenu de cette loi, qui fut finalement votée à la fin de l’année 2004. 6 Dans ce type d’action, les organisations de femmes soulignent que le rôle des médias est fondamental. En Espagne, les relations avec ces derniers sont assez fluides sur le thème de l’égalité hommes-femmes. La diffusion des messages a permis de transformer la voix des femmes en une voix plus politique. Cela leur permet de bénéficier d’une présence plus importante dans les débats de société, ce qui constitue aussi un aspect important de la lutte. 7 L’action sur la législation nationale n’étant pas suffisante pour garantir l’effectivité des droits des femmes, les organisations luttent également pour tenter de faire évoluer les pratiques des institutions judiciaires qui jouent un rôle dans l’application du droit : les juges, procureurs, avocats, … L’association Thémis, qui rassemble des femmes juristes (avocates, juges, …), élabore par exemple des rapports analysant les pratiques des tribunaux en matière de droits des femmes dans lesquels elle émet des recommandations. 8 D’autre part, les organisations travaillent pour que soit reconnue la nécessité de formation des divers acteurs intervenant dans l’élaboration ou la mise en Å“uvre du droit sur le thème de l’égalité de genre, formation qui ne soit pas que théorique mais qui laisse une place importante aux aspects pratiques (avec un temps passé sur le terrain, …). 9 Lorsqu’une stratégie d’action judiciaire pour défendre les droits individuels et collectifs des femmes est mise en place, c’est généralement l’association Thémis qui la porte. Mais elle bénéficie alors toujours de l’appui politique des autres organisations de femmes du réseau. 10 Une action a ainsi été intentée pour faire retirer de la vente un livre dans lequel étaient dispensés des conseils pour battre une femme sans laisser de traces et faire condamner son auteur. L’association a demandé au juge d’appliquer un article du code pénal qui sanctionne l’incitation à la violence, qui n’avait encore jamais été appliqué à un cas de violence de genre. Le jugement s’est fondé sur l’application de cet article. 11 La diffusion et la vulgarisation du droit constituent également des axes de travail importants. L’association Thémis publie par exemple des guides, brochures et autres matériels pédagogiques pour que les femmes puissent connaître le droit et l’utiliser. L’association Mujeres Progresistas recense et rassemble des décisions de jurisprudence et les traduit dans un langage simple, en expliquant la signification des termes employés par les juges et l’interprétation qui peut en être faite. Elle souligne l’importance de démystifier le droit et de le rendre compréhensible et utilisable par les femmes. L’association participe ainsi à un programme de radio au cours duquel elle peut directement expliquer ces décisions aux auditeurs.