En Haïti, les mouvements de femmes sont particulièrement actifs. L’un des principaux problèmes sur lequel ils se mobilisent depuis quelques années est celui des violences faite aux femmes. Malgré les difficultés rencontrées pour utiliser le droit et la justice (lenteur des tribunaux, coût élevé des procédures, etc.), ils se sont penchés sur les aspects juridiques de cette question pour essayer, en faisant progresser le droit et la façon dont il est appliqué, d’améliorer la condition des femmes haïtiennes. Info Fanm, Kay Fanm et le MOUFHED (Mouvement des Femmes Haïtiennes pour l’Education et le Développement) sont quelque-uns des mouvements de femmes existants en Haïti. Des services d’assistance juridiques au sein des centres d’accueil aux cliniques juridiques pour les femmes Le MOUFHED anime une clinique juridique qui propose un accompagnement juridique aux femmes. Elles peuvent y trouver des informations sur leurs droits, des services de médiation ainsi qu’une assistance légale si elles souhaitent aller en justice. Ces cliniques juridiques sont principalement animées par des avocats. La clinique est ouverte tous les jours et ses services sont gratuits. Les femmes viennent le plus fréquemment pour des cas de violences, des demandes de divorce avec des problèmes de garde d’enfants et de pension alimentaire. Entre 30 et 40 femmes se rendent à la clinique chaque mois. Dans un premier temps, les avocats tentent de mener une médiation entre les parties (sauf quand le cas est trop grave). Si l’une des parties refuse la médiation ou si le compromis n’est pas respecté, des démarches judiciaires sont entamées. Les animateurs ont suivi pour cela des formations sur la gestion des conflits assurées notamment par HSI (Haïti Solidarité Internationale). L’association Kay Fanm a créé des centres d’accueil pour les femmes victimes de violences dans lesquels des services de consultation légale sont proposés, en plus d’une assistance médicale et psychologique. 4 à 5 avocats travaillent dans ce centre. Une petite participation est demandée aux femmes pour accéder aux services du centre d’accueil mais la plupart des femmes ne peuvent pas payer et sont tout de même accueillies. Le coût du transport pour venir au centre est déjà trop souvent un problème pour elles. Des actions de sensibilisation collectives Conscients que c’est en permettant aux femmes de mieux connaître leurs droits que leur situation pourra s’améliorer, la plupart des mouvements de femmes organisent des séances de sensibilisation, d’information ou de formation sur les droits des femmes. Ces actions se déroulent à Port-au-Prince et dans les autres villes du pays, où la demande est très forte. Il s’agit lors de ces séances de discuter autour des problèmes concrets vécus par les femmes, de faire le lien avec le droit et notamment les différentes dispositions de la législation haïtienne et internationale protégeant les droits des femmes. Un centre de documentation sur le droit des femmes De nombreuses brochures et guides ont été édités en Créole sur les droits des femmes. Info Fanm anime un petit centre de documentation sur le droit des femmes où il est possible de trouver ces divers outils. Le MOUFHED a par exemple élaboré un guide juridique à destination des femmes haïtiennes qui présente la définition de 125 mots en lien avec les problèmes les plus courants vécus par les femmes et précisant notamment dans quel article de loi on peut trouver ce mot, quel est son sens, etc. Des mobilisations collectives pour faire avancer le droit des femmes Les mouvements de femmes se mobilisent pour faire avancer le droit des femmes. Un de leur combat récent a été de faire accepter comme moyen de preuve des violences subies par les femmes le certificat médical établi par un établissement de santé privé. Auparavant les femmes devaient se rendre à l’hôpital général de Port-au-Prince pour obtenir ce certificat, sans lequel elles ne pouvaient porter plainte. Il s’agit maintenant d’obtenir des établissements de santé des tarifs abordables pour la délivrance de ce certificat. Il faut aussi s’assurer qu’il soit similaire (au niveau de sa forme, du type d’information inscrit, etc.) dans tous les centres de santé. Le MOUFHED milite particulièrement pour l’adoption d’un code de la famille. Il organise des ateliers de réflexion réunissant des participants d’horizons divers afin de travailler sur la rédaction de propositions d’articles pour ce code. Les mouvements de femmes contribuent ainsi activement à faire évoluer le droit haïtien dans un sens plus favorable aux femmes.