L’ALVF (Association de Lutte contre les Violences faites aux Femmes) agit depuis plus de quinze ans pour éliminer toutes les formes de violences dont les femmes et les filles sont victimes, tant dans l’espace public (discriminations diverses, faible représentation politique…), que privé (violences conjugales, viols…).
Les Centres Vie de Femmes sont des lieux implantés dans plusieurs villes du Cameroun au sein desquels les animatrices et les militantes de l’ALVF interviennent directement auprès des populations : orientation des victimes de violences vers des structures d’accueil spécialisées ou les juridictions compétentes, éducation à la santé de la reproduction, prévention du SIDA, etc. Au-delà des dimensions sanitaire et sociale de son action, l’ALVF a développé une stratégie à plus long terme, fondée sur l’étude des principaux textes normatifs ayant des incidences sur les conditions de vie des femmes. À l’issue des analyses menées au cours de réunions informelles où se retrouvent un grand nombre de personnes concernées, spécialistes ou non, des propositions de réformes sont formulées puis regroupées à l’attention du ministère de la promotion de la femme. Ces mémos visent en général à solliciter de la part du gouvernement la reformulation, voire la suppression des articles de loi jugés discriminatoires.
La qualité du travail de co-production du droit auquel se livre l’ALVF réside notamment dans l’implication, à tous les niveaux, de l’ensemble des acteurs concernés. Les femmes en lien avec l’ALVF jouent ainsi un rôle majeur dans le cadre de l’élaboration de propositions destinées à améliorer leur vie quotidienne : par les témoignages qu’elles apportent, elles informent l’ALVF des atteintes dont elles peuvent être victimes en tant que femmes. Il s’agit ensuite d’aller rechercher dans le droit les différents textes dont la modification ou la suppression serait susceptible de changer ces situations de violences. L’ALVF contribue ainsi à faire participer les populations victimes de discriminations, traditionnellement démunies face au droit, à la production de nouvelles normes juridiques visant à améliorer leur situation. Les résultats obtenus en matière juridique sont en retour vulgarisés auprès des femmes qui fréquentent les différentes structures de l’ALVF. Ces dernières prennent ainsi peu à peu conscience de l’intérêt qu’il peut y avoir à s’intéresser à la question du droit.