Dans le cadre de l’aide apportée aux femmes victimes de violences dans les centres « Vie de femmes » que l’ALVF a créés, 75 % des cas traités se rapportent aux conflits conjugaux et aux violences sexuelles, psychologiques ou physiques. Les femmes viennent solliciter les services de l’ALVF pour les aider à sortir de leur situation de violences. Ce sont des femmes de tous les âges et de toutes catégories sociales, régulièrement mariées ou vivant en concubinage. L’ALVF propose à ces femmes d’être les principales actrices de la recherche de la solution la plus adaptée à leurs problèmes.
L’application des principes féministes dans la médiation
L’ALVF a d’office un parti pris pour les femmes victimes de violence parce qu’elle est convaincue que les manifestations de violences sont la conséquence d’un système qui puise ses racines dans le patriarcat. L’espace Centre Vie de Femme de l’ALVF est un espace exclusivement féminin, où la femme doit se sentir en sécurité et à son aise. Le slogan de l’association est le suivant : « au CVF on entre courbée, on sort debout ». Chaque femme doit trouver seule les solutions à ses problèmes. L’ALVF et ses partenaires l’accompagnent pour qu’elle puisse agir par elle-même. La femme et son conjoint peuvent aussi être confrontés dans des espaces autres que ceux de l’ALVF si la femme le souhaite.
Les techniques de médiation
L’intervention de L’ALVF porte sur l’ensemble de moyens juridiques, économiques et psychosociaux mis en œuvre pour venir en aide aux femmes victimes de violences. Deux techniques sont utilisées : l’intervention individuelle et l’intervention de groupe. L’intervention individuelle est la plus appropriée en temps de crise. Elle est urgente et doit être très efficace car c’est elle qui déterminera la femme à aller au bout de son processus de rétablissement. Elle vise principalement à identifier le conflit, rechercher ensemble les solutions et trouver ensemble les moyens d’actions. L’intervention de groupe, vise d’avantage à déculpabiliser la femme victime de violences et à reconstruire son estime de soi, ainsi qu’à mettre en place une chaîne de solidarité pour l’aider à sortir de cette situation.
Les différents temps de la médiation
L’accueil : après un accueil très approprié de la plaignante dans un cadre exclusivement féminin, convivial et confidentiel (le registre est codifié), l’intervenante va aider la plaignante à :
clarifier son problème et ses désirs ;
identifier les différentes parties prenantes impliquées dans le conflit ;
identifier les partenaires potentiels nécessaires à la résolution du conflit.
Le counseling : l’objectif du counseling est de donner à la femme les informations et les conseils nécessaires pour qu’elle soit en capacité de choisir l’espace au sein duquel elle souhaite que la négociation soit menée (conseil de famille, institutions confessionnelles ou traditionnelles, institutions étatiques).
L’accompagnement : les moyens d’accompagnement de l’ALVF respectent fondamentalement la décision de la victime, son cheminement, son désir d’autonomie et son rythme. Ils peuvent prendre différentes formes :
L’utilisation des réseaux d’intervenants composés des forces de l’ordre (Police et Gendarmerie), les professionnels de la santé, les juristes, les services des départements ministériels en charge des questions des femmes, les ONG et associations, les chefs religieux (Pasteurs, Prêtres et Imam).
Les frais juridiques pour les plus démunies, notamment en ce qui concerne les actes de première nécessité tels que les constats d’huissier.
L’appui judiciaire en cas de besoin.
L’action de l’ALVF a permis de constituer des réseaux actifs de partenaires pouvant accompagner les femmes victimes de violences dans les villes de Yaoundé et Maroua. La création de ces mêmes types de réseaux en cours dans les villes de Bafoussam et Douala. L’ALVF est aujourd’hui bien mieux acceptée par la communauté. Environ 50 % des cas recensés finissent par un arrangement à l’amiable avec le conjoint et environ 80 % de femmes qui ont poursuivi leur démarche en justice ont gagné leur procès. Le nombre de femmes qui abandonnent leurs démarches en cours de route va en diminuant.